Le panda géant, comme le tigre, la baleine ou l’ours blanc, constitue ce que l’on appelle une espèce parapluie. L'étendue de son territoire est telle, que sa protection bénéficie à toute la faune et la flore alentour, soit à l’écosystème tout entier. Protéger ces espèces emblématiques c’est donc préserver la santé des écosystèmes naturels et garantir le maintien des services écologiques irremplaçables qu’ils nous offrent.
Les pandas, les tigres, les papillons, sont des « espèces parapluie », dont l’étendue du territoire permet la protection d’un habitat important et des êtres vivants qui y habitent si l’espèce est protégée. Préserver une “espèce parapluie” ce n’est pas seulement préserver un animal, mais aussi tout un écosystème qui procure de nombreux bénéfices à l’homme : approvisionnement en nourriture, en eau, en médicaments, régulation de l’air, pollinisation etc.
Or les activités humaines, qui détruisent les habitats par la conversion d’habitats vierges et le changement d’utilisation des terres pour l’agriculture industrielle, sont les premières causes de l’érosion de la biodiversité. Selon le rapport du WWF Planète vivante, l’activité humaine est responsable d’une baisse de 68% des populations de vertébrés entre 1970 et 2016.
« Il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade ». L’impact de la destruction des espèces sur la vie humaine est réel. Les pressions exercées sur la biodiversité à travers nos modes de consommation et de production créent des risques sanitaires (transmission de virus), alimentaires (notre sécurité alimentaire repose sur un grand nombre d’espèces sauvages et cultivées) et financiers (les impacts économiques de la perte de biodiversité pourraient s’élever à plus de 479 milliards de dollars par an, soit environ 10 000 milliards de dollars d'ici 2050).
Sources :
La technologie ne peut pas tout résoudre… Si l’innovation peut nous permettre de gagner en efficacité énergétique, elle ne suffira pas à compenser l’augmentation des usages et de la consommation énergétique, source de pollution importante ! Et si au lieu de s’attaquer aux symptômes en proposant des solutions technologiques hasardeuses avec de potentiels effets collatéraux, on essayait plutôt de résoudre les causes profondes de la crise écologique ?
La technologie salvatrice tient du “solutionnisme”, un courant de pensée originaire de la Silicon Valley qui souligne la capacité des nouvelles technologies à résoudre les grands problèmes du monde (réchauffement climatique, pénuries alimentaires…).
Les techno solutionnistes représentent aujourd'hui ceux qui pensent que le développement technologique nous permettra de répondre aux défis environnementaux.
Le think-tank The Shift Project a évalué l’impact environnemental du numérique : avec 6% par an de croissance de ses émissions de GES, la part du numérique dans les émissions de GES mondiales est déjà de 3,5% et pourrait doubler d’ici 2025. Cette croissance n’est pas compatible avec la trajectoire 2°.
Selon The Shift Project, l’efficacité énergétique issue du progrès technologique ne suffira pas à compenser l’augmentation des usages. Dans nos sociétés industrielles, toute économie à la source est effacée par une surconsommation. C’est “l’effet rebond”. Par exemple, optimiser les flux internet avec la 5G ne va pas contribuer à faire des économies d’énergie mais à intensifier les usages, les réseaux et donc à augmenter la consommation énergétique (et la pollution).
D’autre part, le développement des matériaux technologiques nécessite l’extraction de ressources métalliques rares qui ne sont pas renouvelables.
Selon l’ADEME, qui a évalué 4 trajectoires possibles pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les scénarios technologiques sont moins efficaces pour réduire les émissions de GES. Dans le scénario “technologies vertes”, les émissions provoquées par la croissance de l’usage des technologies sont en partie absorbées par les techniques de capture-stockage de CO2 et de captage direct dans l’air. Mais la consommation finale ne baisserait que de 39% par rapport à 2015.
Sources :
L’Europe importe des matières premières, dont la production est à l’origine de la déforestation tropicale. C’est même le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales, derrière la Chine, à cause de ses importations ! Chacun a donc une part de responsabilité dans la déforestation importée et les moyens d’agir, pour freiner le phénomène, notamment en changeant sa façon de consommer.
Le rapport du WWF Arrêtons de scier la branche, établit des liens clairs entre la consommation de l'Union européenne et la déforestation.
Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation liée au commerce mondial, ce qui en fait le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales derrière la Chine mais devant l'Inde (9 %), les États-Unis (7 %) et le Japon (5 %).
Au total, entre 2005 et 2017, les importations de l'Union européenne ont provoqué la déforestation de 3,5 millions d'hectares, soit la superficie de 5 millions de terrains de football. Ces importations ont représenté 1807 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à 40 % des émissions annuelles globales de l'Union européenne.
Durant cette même période, les huit plus grandes économies européennes ont généré 80% de la déforestation importée par l’UE associée au commerce international. La France occupe la 6ème place dans ce classement.
Pendant cette décennie, le soja (31% de la déforestation importée de l’UE), l'huile de palme (24%) et la viande de bœuf (10%) sont les matières premières qui ont impliqué la plus grande déforestation tropicale importée par l’Union européenne, suivies des produits dérivés du bois, du cacao et du café.
A ce jour, la majeure partie de notre déforestation importée provient du Brésil (30%), d’Indonésie (22%), d’Argentine (10%) et du Paraguay (8%).
Le 17 novembre dernier, la Commission européenne a présenté un projet de législation visant à lutter contre la déforestation. Si le texte présenté inclut plusieurs dispositions utiles et attendues, il doit encore être renforcé pour écarter la déforestation du marché européen. La France présidera l’UE au premier semestre 2022 et endossera donc la responsabilité de faire adopter une législation ambitieuse.
Sources :
A première vue, les produits de l’agriculture conventionnelle sont moins chers. Mais ce que ne dit pas l’étiquette, c’est tout ce que dépense la société pour réparer les dégâts environnementaux et sanitaires que cause leur production, notamment en ce qui concerne la pollution de l’eau. On appelle cela les externalités négatives. Au final, si l’on prend en compte ces coûts cachés, l’addition est beaucoup moins salée avec un approvisionnement bio.
Il existe deux façons de regarder la question du coût, soit à l’échelle des ménages, soit à celle de la société.
Concernant le budget des particuliers, le rapport du WWF “Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable” a montré qu’il était possible, pour le même prix, de mieux manger tout en réduisant notre impact sur la planète. Cette étude comparait le panier standard des Français avec un panier flexitarien et montrait que les économies permises par la réduction de la consommation de viande et de produits transformés industriels permettent d’acheter des produits de qualité (issus de l’agriculture biologique notamment) sans dépasser le coût du panier standard…
Concernant le coût pour la société, il faut regarder l’ensemble des externalités associées aux différentes productions. L’agriculture industrielle coûte très cher à la société car elle génère de nombreuses externalités négatives. Ces coûts, liés par exemple aux pollutions de l’air et de l’eau ou encore à la perte de biodiversité, ne sont pas pris en compte dans le prix des produits mais sont tout de même pris en charge par les français. Le Commissariat Général au Développement Durable estime que le coût annuel du traitement des flux annuels d'azote et de pesticides est compris entre 54 et 91 milliards d'euros. Pour les eaux souterraines, le coût de la dépollution pour les nitrates serait compris entre 490 et 742 milliards d'euros et pour les pesticides entre 32 et 105 milliards d'euros, soit au total : de 522 à 847 milliards d'euros.
Au contraire, l’agriculture biologique génère de nombreuses externalités positives (pour la biodiversité, la santé, etc.). C’est pourquoi, à l’échelle de la société, il est urgent d’accélérer le développement de l’agriculture biologique.
Chacun peut faire sa part et contribuer à son niveau à améliorer la situation en faisant évoluer son comportement. Mais il est vrai que compte tenu de l'urgence de la situation, les initiatives individuelles ne suffisent pas. Une étude récente montre, par exemple, que les changements de comportements individuels entraîneraient une baisse de 5 à 10% de l’empreinte carbone seulement. Pour plus d’impact, il faut aussi que les Etats et les entreprises agissent !
Une étude de Carbon 4 a calculé l’impact réel des éco-gestes individuels du quotidien sur l’empreinte carbone des Français. Il en résulte que pour un Français “moyen”, l’impact probable des changements de comportements individuels entraînerait une baisse de 5 à 10% de l’empreinte carbone (en prenant en compte des changements “réalistes” et volontaires et en excluant les changements de comportement très ambitieux comme manger végétarien, ne plus prendre l’avion, équiper son logement de lampes LED…).
Or, l’empreinte carbone moyenne des Français doit baisser d’environ 80% d’ici 2050 pour parvenir aux 2 tonnes de CO2 par an compatibles avec l’Accord de Paris. Pour atteindre la part restante de la baisse des émissions, c’est à l’Etat et aux entreprises d’investir massivement pour transformer le système.
Les gestes individuels, bien que nécessaires, ne peuvent permettre à eux seuls d’atteindre cette baisse. L’enjeu climatique est d’ordre systémique et dépasse la sphère individuelle. Par exemple, le recours aux transports en commun, au vélo ou au covoiturage, peut réduire les émissions liées à nos déplacements mais ces gestes ne suppriment pas notre dépendance à un système de transports fonctionnant sur la base d’énergies carbonées (diesel, essence, kérosène).
La transition devra être portée en partie par le secteur privé. Dans un rapport publié en mars 2021 Climat : CAC degrés de trop, Oxfam France a calculé l’empreinte carbone globale des plus grandes entreprises françaises. Les chiffres montrent très clairement que les entreprises du CAC40 ont une responsabilité majeure dans l’aggravation du réchauffement climatique. En moyenne, leur empreinte carbone s’élève à 4,1 tonnes de CO2eq3 à chaque fois qu’elles réalisent 1 000 euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre d’un Paris-Sydney en avion. A elles seules, 4 entreprises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Total – ont, chacune prise isolément, une empreinte carbone supérieure à celle de la France.
C’est à l’Etat de réorienter les politiques publiques et d’incitations financières et aux entreprises de changer leurs pratiques et d’investir massivement pour transformer le système.
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